⸢ la fratrie ⸥ ils sont trois, dans la famille. trois gamins aux yeux clairs, trois gamins surprotégés, l'aînée plus que les autres. l'aînée, la première, l'exemple, gardée dans le giron de la mère, sous couvert d'une santé trop fragile. faye se contente d'observer son frère et sa soeur de loin, de sourire avec indulgence quand bran vient tacher sa robe avec des mains couvertes de boue, écoute sa sœur râler parce qu'elle ne retrouve pas son collier préféré. elle a toujours été un peu à l'écart. laissée à part, pour se protéger. elle ne les aime pas moins, mais il y a toujours une distance — un canyon difficilement franchissable maintenant que les années ont passé.

⸢ reine-mère ⸥ matilda sayre est un personnage. matilda sayre est devenue matilda gaunt il y a bien longtemps maintenant, et matilda gaunt est pleine de contradictions. elle l'aime, cette mère féroce et protectrice, dont les crocs s'acharnent sur la carne qui ose menacer sa progéniture. elle lui fait penser à une ourse parfois, à une vipère souvent, avec sa langue venimeuse et ses airs hautains. matilda ne sait pas montrer son amour autrement qu'en surprotégeant ses gosses, et en grandissant faye lui en veut, juste un peu. juste un instant. parce que matilda les aime, et c'est bien tout ce que son aînée lui demande — qu'on l'aime sans conditions, et sa mère semble la seule à en être capable.

⸢ fils prodige ⸥ edwin thorn gaunt pousse son premier cri il y a cinq ans. petite boule grise couverte de sang aux cheveux blonds hérissés autour de sa tête, minuscule créature fripée au visage tordu par l'inconfort, faye n'aurait jamais cru que son coeur puisse presque exploser d'amour avant de poser les yeux sur son fils pour la première fois. fils bâtard, fils prodige, fils miracle, fils aimé comme elle n'aura jamais aimé et n'aimera jamais plus. faye la douce se transforme en faye-harpie quand la sécurité de son fils est menacée, mère ourse aux crocs acérés et à la langue aussi venimeuse que la matriarche. les circonstances de sa procréation n'ont pas été glorieuses, mais faye s'en moque, faye est prête à briser les convenances et à envoyer soliterre s'écraser au sol si ça veut dire qu'edwin sera sain et sauf. besoin viscéral que de le rendre heureux.

⸢ lorens ⸥ ils ont sept ans d'écart. d'autant qu'elle se souvienne, elle ne l'a jamais vu en dehors de tour des rois — de loin, quand elle était toute petite, encore planquée dans les jupes de sa mère, le diadème de travers sur ses boucles blondes et la révérence maladroite. mais il est gentil, lorens, il lui rappelle gentiment de toujours avoir un inhalateur avec elle, l'aide avec ses devoirs de métamorphose pendant sa première année à l'imes. peut-être qu'elle a un petit crush sur lui, gamine qu'elle est — faut dire qu'il est beau, avec ses boucles brunes et ses yeux violets, mais lorens se marie avec amita, et ils sont beaux tous les deux, et faye oublie assez rapidement ce crush stupide que sa mère aurait sûrement détesté. elle à peut-être douze ans à l'époque, et si on lui avait dit que six ans plus tard, ce serait lui le père de son gamin, elle aurait sûrement ri au nez du prophète. il n'empêche. lorens flamel est le père d'edwin, un secret minutieusement gardé à tour des rois. un père attentionné, même s'il refuse cette étiquette et lui privilégie le titre de parrain librement donné. un non-dit qu'elle emportera volontiers dans la tombe.

⸢ espoirs ⸥ espoirs de connaître autre chose, de voir autre chose. soliterre reste son île natale, une île-refuge pour bien du monde, trop de monde, trop de sorciers qui ont vu leurs familles massacrées par des moldus poussés par une peur panique et viscérale. mais l'île-refuge se fait parfois étouffante — toujours les mêmes têtes, toujours les mêmes politiques, toujours les mêmes problèmes qui virent en discussions stériles écoutées d'une oreille inattentive pendant que les yeux se concentrent sur le fils. elle aimerait descendre, poser le pied sur une terre qu'elle ne connaît qu'au travers des récits de ses aînés et des mots posés sur les pages des bouquins de babel. mais edwin est là, dans sa petite bulle protégée, les yeux émerveillés. alors faye se contente d'espérer en silence.

⸢ le coeur ⸥ ce n'est pas un secret, les gaunt ont toujours eu une sale tendance à garder le sang le plus pur qu'il soit — générations sur générations d'incestes et de consanguinité, les malheureux qui portent ce sang dans leurs veines perclus de problèmes. si l'instabilité mentale qui caractérise son nom l'a volontiers évitée, faye porte toutefois les stigmates de cette consanguinité trop renouvelée — deux maux purement moldus, asthme bronchique partagée avec l'oncle chéri, insuffisance cardiaque qu'un hôpital jugerait au stade trois. les potions s'enfilent et se suivent pour soutenir l'organe qui flanche, traitement vital qui ne disparaîtra jamais et elle le sait pertinemment. la faux mortelle au coin des murs, toujours. pas étonnant que matilda l'ait toujours gardée dans son giron.

⸢ carol ⸥ s'il y a les seigneurs suzerains qu'elle appelle volontiers oncles et tantes, restes de gamine encore trop jeune pour comprendre la politique délicate de soliterre, il y a carol, et carol est à part. carol, c'est tonton, carol c'est un père plus encore que thorn, le premier à panser ses genoux égratignés, le premier à poser cataplasmes magiques sur sa poitrine quand les poumons s'emballent. thorn reste son dieu de père, géniteur lointain admiré comme une idole, mais carol est là, présent, avec des mains qui lui ébouriffent volontiers les cheveux et des sourires toujours offerts. faye se prend à rêver, parfois, de ce qu'aurait été une vie en tant que sa fille. regrette un peu, dans l'ombre, d'être tombée du mauvais côté de la gémellité. elle aime sa mère, profondément, mais sans doute aura-t-elle toujours une préférence pour son oncle, quoi qu'elle dise et quoi qu'elle fasse.

⸢ tour des rois ⸥ il est beau, ce palace, avec son dédale de pièces et de couloirs qui se transforme volontiers en labyrinthe dans lequel jouer. maison adorée aux jardins remplis de merveilles, cocon familial chéri, palace qui se transforme lentement mais sûrement en cage dorée aux yeux de l'adolescente qu'elle devient, surtout après avoir mis les pieds à l'imes. tu es une princesse, il faut que tu sois protégée, que les murmures familiaux lui martèlent. une princesse, certes, mais rien d'utile puisque c'est bran l'héritier, bran qui montera sur le trône. faye aurait aimé pouvoir avoir son petit chez-elle quelque part sur soliterre. envie vite étouffée par l'arrivée du môme. encore un secret mieux gardé entre les murs gris de tour des rois.

⸢ père-dieu ⸥ thorn gaunt s'élève en idole intouchable aux yeux de son aînée. père distant, père qu'elle s'imagine aimant en dépit de l'éloignement, elle siffle insultes décorées et crache murmures insatisfaits à ceux qui osent dénigrer son dieu de géniteur. elle l'élève volontiers sur un piédestal dans son esprit d'enfant impressionnable, babille volontiers sur ses exploits en tant que roi. un piédestal qui s'effrite à chaque année qu'elle prend, qui s'effrite et menace de s'effondrer quand le voile de la jeunesse se déchire et que ses oeillères disparaissent. thorn gaunt est un bon roi, mais il est loin d'être un homme bon, loin d'être l'idéal que faye s'était construit. père-dieu devient père-diable le jour où il ose menacer un edwin à peine né. faye s'accroche, montre les dents à la façon d'un chien enragé, sans s'imaginer que sa mère fait de même dans l'ombre d'une chambre éloignée. thorn se replie, et faye perd tout respect pour lui. sa mort la peine, certes, mais pas autant qu'elle devrait — tout ce qu'elle pense, c'est qu'au moins, edwin sera loin de lui.

⸢ en vrac ⸥ tendance à préférer le sucré au salé. / ne supporte plus les grosses chaleurs depuis sa grossesse, privilégie volontiers l'hiver à l'été. / obsédée par l'histoire moldue. se perd volontiers dans les pages de bouquins jaunis qui en traitent. / sportive en dépit du handicap. appréciation pour la natation, quoiqu'elle se contente plus souvent de se laisser flotter sans trop faire d'efforts. / besoin d'aimer et d'être aimée permanent. aucun jugement dans les yeux verts, sourires toujours présents pour qui veut bien les recevoir. / ni fumeuse ni grande buveuse. son vice se cache dans les pastilles à la menthe qu'elle gobe à longueur de journée. / rituel matinal consiste en un earl grey citronné et deux toasts à la confiture de framboises. / envies d'évasion. île-refuge qui se ressent parfois comme une prison. son fils comme ancre unique. / magie noire familiale boudée. branche certes étudiée, comme toute héritière qui se respecte, mais sa préférence marquée pour l'art minutieux et délicat des potions est apparu très vite, et se veut maintenant sa spécialité.