un. joueur. S'il est capable de se concentrer longtemps sur ses plantes ou les préparations, peu de centres d'intérêt le titillent suffisamment. Joueur de piano qui aurait pu être excellent si appliqué, Lorens est joueur
tout court. Cartes, poker, il aime gagner et doit se fixer un budget qu'il pourrait débourser avant de s'asseoir à une table, il sait qu'après cela, il n'y aura pas de retour en arrière avant plusieurs heures.
deux. tout le temps
faim, depuis l'adolescence. Il dévore les assiettes qu'on lui présente, ne rechigne jamais à un bon repas des amis et montre le même excès dans ses relations amoureuses. Rarement tout à fait esseulé, souvent une amante qu'il pourrait contacter. Ca va, c'est pour oublier Amita. Voilà qu'il y pense de moins en moins, qu'un visage se dessine et qu'il s'inquiète.
trois. boring. Les
mêmes rituels. Une collection de chemises du blanc le plus froid jusqu'à des nuances de bleu sans originalité. Toujours repassées via un sortilège. La montre qui lui sert de seule coquetterie. Ses chaussures toujours un peu terreuses, qu'il enlève dès le seuil de la maison franchi. Le matin, après un thé toujours différent, des gammes. C'est peut-être sa routine si bien mise en place qui rend ses incartades discrètes. Lorens Flamel est respectable, on ne s'attend pas à ce qu'il traverse les miroirs pour rendre visite à son fils bâtard ou embrasser une maîtresse.
quatre. des héritiers, par contre, il en faudra. On a fermé les yeux assez longtemps pour le laisser faire son deuil, et son don de passe-miroir lui a été utile plus d'une fois pour revenir d'une aventure galante avant d'être découvert.
Il serait temps que les amusements cessent et qu'il se marie de nouveau. S'il n'est pas fermé à l'idée, il rechigne à épouser quelqu'un par devoir et n'attend rien de moins que de ressentir le même coup de foudre qui l'a comblé une fois.
cinq. honnête avec lui-même. Il gère sa boutique. Il contribue dans sa famille et tient son rôle. Mais
la politique l'ennuie, il se pliera volontiers à la femme qui le mènera par le bout du nez sans qu'il le sente. Le moyen le plus direct d'accéder à son coeur ? Quelques cajoleries sans en faire trop, s'abstenir de critiquer les Flamel, trouver sa gamine tout à fait extraordinaire, avoir la main verte.
six. sensible. Pas seulement dans les émotions, dans ses sens. Appréciant bon repas, toucher d'une peau sous ses doigts, air entêtant d'une mélodie, odeurs des fleurs dont il s'occupe. Peut-être le
syndrome solaire, pour ce qui est de la sensibilité tactile ? Bien du mal d'ailleurs à arrêter son regard quand quelque chose lui plaît, et encore plus à se raisonner pour ne pas exiger ce qu'il veut.
septbaptisé, voué à intégrer l'école primaire sorcière du coeur de Paris, avant l'exceptionnel Beauxbâtons. De cette vie manquée, il garde des regrets, quelques chansonniers moldus et paraît-il, une jolie voix. Seuls ses frères et soeur, et sa fille ont pu profiter des berceuses qu'il voulait bien chanter des heures pour faire reculer les monstres tapis sous le lit ou dans l'armoire. Il s'est réfugié dans ce qui se rapprochait de la
religion à la mort de son épouse - quand il était en pleine possession de ses moyens.
huit. ne s'explique pas la gêne qu'il ressent à voir
l'arbre généalogique amputé d'un oncle qu'il n'a jamais connu. L'aîné. Et si ça arrivait ? Est-ce que Max le pleurerait en se hissant au rang d'héritier ? Est-ce que Cordelia maintiendrait la promesse de s'occuper de Rosalie ou n'est-ce qu'une opportunité ? Il lui semble parfois qu'il les
testel'héritier. premier né la fierté des Flamel. Dans un hôpital français, le premier enfant pourra transmettre le nom. On dit de Lorens, au prénom orthographié avec fantaisie, qu'il est un enfant facile, agréable. Il se passionne de tout ce qui concerne l'histoire familiale et prend à coeur ce rôle d'aîné. Ses cadets l'amusent, l'attendrissent.
Il les pousse.
Jamais méchamment. Mais Lorens est insatisfait, impatient de rentrer à Beauxbâtons. Plus la famille doit se replier sur elle-même et cacher toute trace de magie, et plus la situation lui devient difficile. Il ne cesse de poser la question. C'est quand, Beauxbâtons ?
Ce ne sera jamais.
Il abandonne la vie sur Terre avec un déchirement. A le sentiment qu'on l'ampute d'une partie de lui en lui enlevant le bénéfice du Parc Monceau et du jardin des Tuileries, que rien n'égalera les illuminations des passages couverts, et où est-ce qu'il va y avoir un musée, une philarmonie ? Gamin gâté qui ne conçoit pas que les moldus puissent être si hostiles avec eux. Mais les regrets sont refoulés, Lorens reste seul avec ses angoisses. Il ne peut pas les transmettre aux plus jeunes. Il devient moins causant, cherche désespérément des marques d'affection qu'il ne trouve jamais suffisantes.
l'élève. potentiel on le reconnaît facilement, dans les couloirs de l'école. La faute aux yeux violets, ou à ce nom et cette position d'héritier dont on fait grand cas ? Il ne jette pas la pierre, lui aussi pense aux obligations, à sa famille dans chacun de ses choix.
Ses relations avec ses camarades sont parfois teintées d'intérêt, et il ne se fustige pas en se disant qu'elles sont ce qu'elles sont, qu'il n'est pas le seul à agir ainsi. Il porte l'émeraude de Cedrefaon, certain d'avoir fait le bon choix, conforté par ses résultats en potion et en botanique. Lorens aurait pu aimer d'autres choses, ouvrir ses possibilités, mais il aime trop le goût de la réussite pour cela. Il aurait fallu du travail, il aurait fallu accepter de n'être pas le meilleur.
Ce n'était pas envisageable. Et petit à petit, l'ambition grignote ses perspectives. Besoin de faire plus. Il devient exigeant vis-à-vis de son petit-frère, cherchant à lui faire prendre de l'avance dans le programme scolaire, le poussant à inventer toujours d'autres solutions. C'est un garçon créatif, ce que Lorens a conscience de ne pas être.
Peu de remises en question propres à l'adolescence. Il lui faudra attendre d'être père puis d'être veuf pour se découvrir un semblant de douceur.
le fiancé. âge tendre - Les héritiers sont trop polis, trop bien élevés, et bien trop jeunes pour qu’on pense à leur attribuer un chaperon. D’ailleurs, il y a tant de monde dans cette réception qu’il n’est pas envisagé qu’ils seront seuls.
Ils ne se connaissaient pas auparavant. Les présentations sont faites en grande pompe, chacun a revêtu ses plus beaux vêtements. Lorens se sent engoncé, mal à l’aise, trop puéril pour la jeune femme. L’éclat dans son regard le laisse incertain et lui donne envie d’en savoir plus.
C’est elle qui lui propose de se retirer après une danse. Elle prétexte avoir chaud. Ils plaisantent sur la terrasse, reviennent à l’intérieur. Il décide de lui montrer la bibliothèque, elle a expliqué aimer lire. Ils trouvent la pièce déserte, froide. Se rapprochent pour se tenir chaud. Finalement.
Lorsqu’ils s’embrassent, il lui vient l’idée qu’il devrait poser la question.
T’as quel âge, déjà ? Mais ses lèvres sont trop occupées. Ils s’embrassent avec l’ardeur de deux adolescents et Lorens ne gâchera pas ce moment. Il retient tous les mots qui risqueraient de mettre une distance entre eux, sur ce fauteuil.
Tu crois qu’on devrait ? Oh et on s’en fout, on passera notre vie ensemble. Tes vieux vont être furieux. Ca nous fera essayer pour voir si ça marche. J’ai jamais fait ça. Je sais pas si je suis … On n’est pas un peu jeunes pour ça ? Tu me trouves maladroit ? Je te plais ? Il en rajoute, se conforme à une idée de virilité qu’il ne savait pas si ancrée dans son imaginaire. Les mots sont enjôleurs, les mains baladeuses.
T’es encore mieux sans cette robe. Ca te plaît ? Tu me rends fou, je t’aime.
Les familles s’emportent quand Amita leur annonce. Lorens, lui, s’est empourpré. Il n’avait pas eu le courage de redemander son âge – il aurait dû le savoir. Il est horrifié. Il n’avait pas imaginé que c’était à ce point systématique, une grossesse. Pour ne l’avoir fait que quelques fois … Il garde le silence, c’est une négociation déjà perdue.
Amita veut cette grossesse. Elle finira ses études auréolée de maternité. Il faudra qu’il la soutienne – il promet, de toute manière, il n’a pas le choix. Ses parents sont furieux, les Patil aussi. Il était plus âgé, il aurait dû faire attention pour deux.
Toutes ses inquiétudes disparaissent quand il la voit dans cette robe de mariée qui fait bien de ne pas souligner sa taille. Tout se passera bien.
l'amant. as-tu du coeur Faye est venue le voir. Elle a tenu à ce qu’ils soient seuls, et Lorens a respecté ce choix. Elle semblait perdue, il veut bien jouer les figures d’autorité si elle lui demande. Autorité dont il veut croire qu’elle ne lui a pas servi à … Il la trouve lumineuse malgré son air chagrin. Lorens est un hôte poli, lui servant le thé et la laissant venir au fait.
« Je suis enceinte. » Il s’interrompt et la regarde une deuxième fois.
Faut-il qu’il soit goujat, au fond, pour la détailler sans rougir parce qu’il l’a tenue dans ses bras quelques fois. L’arrondi très léger du ventre pourrait être n’importe quoi, et il la connaît trop pour penser
n’importe qui. Pommettes un rien remplumées. Tout peut encore être rapidement réglé.
«
Je te fournirai la potion abortive. Je peux la faire pour mardi … » « Non. »
Comment ça,
non ? Le regard inquiet devient glacial.
Il devrait lui hurler dessus. La traiter de petite garce. Ca ne se fait pas, allons, il a pris les risques aussi. Il se souvient d’avoir oublié le sort contraceptif. Ils étaient empressés, cette fois. Il devrait hurler qu’elle va gâcher sa vie. La sienne, ou celle de l’enfant qu’il a déjà ? L’enfant qui s’émeut du père courage jamais remarié et ignore les sorties nocturnes, les quelques arrangements loin de la famille ?
« Je n’en veux pas. » Il ne lui dit pas de s’en débrouiller comme elle le veut. Elle veut le garder ? Mais grand bien lui fasse. «
Je peux t’aider, financièrement. Mais je ne reconnaîtrai jamais que c’est mon enfant. Les Flamel ne doivent rien savoir. Tu comprends ? » Elle hoche la tête, encore éberluée. Il faut qu’il insiste. Les Gaunt seraient plus persuasifs. Il doit arracher sa promesse, peu important l’état de faiblesse dans lequel elle se trouve.
Il se persuade que c’est pour le bien de l’enfant qu’il a déjà – dont il voulait. Lorens sort de quoi écrire. «
Première année de l’enfant. J’imagine qu’on tiendra à te faire cadeau d’un landau et de jouets. Pour les vêtements et les frais de bouche, et une nourrice je suppose, je prends en charge … »
Il la raccompagne à la porte de la demeure. Deux bises, ils sont amis, après tout. «
Tiens-moi au courant. »
le père maturité Il y a comme une promesse faite à Amita. Ce qu'elle ne lui as pas demandé en partant sans lui pour le Continent mais qui coule de source. S'occuper de leur enfant, le mieux possible.
Lorens y consacre toute son énergie et n'a pas ménagé son temps libre. Enfant choyée, tout d'abord. Présence de grands-parents tendres, d'oncles et de tante qui l'aiment, dont parrain le plus doux qui soit. Et même désormais d'une tante ou presque le temps que l'alliance se fasse, qui sait ce que c'est que de ne pas avoir ce teint pâle des petits européens Flamel.
Pulchérie, comme elle est surnommée, ne manque de rien sauf d'un peu de liberté. Elle rêve de voir ce père s'inquiétant de son avenir et de son mariage manifester avec elle la même légèreté qu'avec ce
filleul qui est en réalité son fils caché. En les voyant ensemble, le petit pincement au coeur, la certitude qu'il est inquiet d'avoir à se remarier pour créer un héritier et qu'elle se voit imposer n'importe quelle belle-mère.
La découverte aussi, par une adolescente attentive qu'il y a déjà cette double-vie dont il ne parle pas mais dont elle a découvert les indices. Amourettes qui tranchent avec cette vie rangée comme des partitions, en blanc, en noir, sans demi-mesure, dénoncées par le soin qu'il prend à se préparer le soir, cet air inquiet dans le miroir, déjà absent quand elle lui dit qu'il est
très bien comme ça. A la recherche de quelque chose dont elle se demande s'il peut le trouver. Mandragot, griffon et kodama le regardent dans un mélange de reproche et d'attendrissement.
C'est Rosalie, Pulchérie, qui vérifie plusieurs fois que la serrure est fermée, qui garde non loin les dispositifs pour le contacter s'il y avait quelque chose. Quoi, il l'ignore. Qui sort parfois à son tour, en alternance, parce qu'il ne veut pas la priver de sa vie. Et Rosalie qui se retient parfois, qui rentre plus tôt que l'heure prévue parce qu'elle le sait dans le salon, incapable de se concentrer sur sa lecture tant qu'il ne la sait pas en sécurité.
De tout coeur, elle lui souhaite de retomber amoureux.